Charte de la cause animale

Ce document est une charte partagée par plusieurs associations, collectifs et individus de la cause animale.

Préambule

Nous nous réunissons sur un sujet : lutter contre la souffrance de celles et ceux qui subissent le spécisme. Nous luttons pour les droits des animaux en tant qu’êtres sentients et pour le développement du véganisme.

Nous militons en premier pour les animaux non-humains et nous condamnons les discriminations faites sur les humains : nous sommes contre le sexisme, le racisme, le classisme, les LGBTIphobies, le validisme, etc.

En effet, nous sommes contre les discriminations fondées sur des critères arbitraires, sources d’injustices et de souffrances. Nous souhaitons fonder nos réflexions sur des arguments rationnels.

Étant donné que nos effectifs et ressources (temps, argent, etc.) sont limités, nous recherchons les modes d’action et d’organisation les plus efficaces pour faire avancer la cause animale.

L’importance de savoir travailler en groupe

La critique du spécisme et la défense des intérêts des êtres sentients sont des missions ambitieuses. Elles requièrent des projets militants de grande ampleur et de long terme, nécessitant l’implication de nombreuses personnes amenées à travailler ensemble.

Le travail collectif demande toujours des efforts et des compromis pour fonctionner de façon harmonieuse et efficace :

  1. Prendre en considération le travail déjà accompli. Il est important de comprendre les objectifs et la démarche avant de formuler des critiques au sein des organisations que l’on rejoint. En cas de fortes divergences dès le départ, il peut être plus pertinent de fonder son propre groupe de travail avec des personnes partageant les mêmes valeurs, objectifs et méthodes. Cela n’empêchera pas un soutien mutuel.
  2. Donner la priorité à l’efficacité et à la réussite du groupe. Cela implique notamment de rechercher des compromis et d’accepter parfois des décisions que l’on n’a pas pleinement choisies. Également, il convient de mesurer les propositions argumentées des membres investis en fonction du bénéfice pour le groupe. Une organisation collective est souvent un exercice complexe et ne peut malheureusement pas toujours donner des résultats pleinement satisfaisants pour chaque personne. Il s’agit avant tout de trouver un équilibre.
  3. Évoluer et se séparer sainement. Les évolutions individuelles et collectives font partie intégrante du militantisme. Lorsqu’on ne se reconnaît plus dans les objectifs ou les méthodes d’une organisation militante, il est parfois nécessaire de convenir d’une séparation, plutôt que de s’enliser dans nos divergences.

Nous reconnaissons que le mouvement a besoin d’une diversité de groupes et de stratégies pour parvenir à ses objectifs. Nous nous efforçons de comprendre et de respecter les choix des groupes animalistes dont nous ne faisons pas partie, à moins que nous ayons de bonnes raisons de penser que ceux-ci pourraient nuire au mouvement.

Les valeurs pour travailler ensemble

Voici pour nous les valeurs indispensables pour permettre un travail collectif efficace :

  1. L’humilité. Nous découvrons régulièrement de nouvelles réalités tant au niveau des discriminations intra-humaines que de celles concernant l’ensemble des êtres sentients. Nous reconnaissons et acceptons que notre avis et nos connaissances peuvent évoluer, et que nos croyances d’aujourd’hui ne seront pas forcément les mêmes que celles de demain. Cette posture d’humilité nous permet de rester vigilants, ouverts à la remise en question et à la découverte de nouveaux modes de pensée.
  2. La tolérance. L’humilité amène à la tolérance. Nous concevons que les autres puissent avoir des idées que l’on ne partage pas, et que nous pouvons travailler ensemble malgré tout. Aussi, il est essentiel de noter que nous avons tous grandi dans des environnements divers et qu’il est impossible d’attendre que chaque individu ait un comportement parfait et change de façon totale et immédiate. Même s’il est légitime de demander qu’un travail d’amélioration soit entrepris.
  3. La bienveillance. La tolérance nous amène à la bienveillance à l’égard des autres personnes, pour lesquelles nous devons appliquer le principe de présomption de bonne intention et faire preuve d’empathie. Sans bienveillance, nous ne pouvons être pleinement à l’écoute des autres et espérer être entendus à notre tour.
  4. La sincérité. Il est important de communiquer honnêtement sur ce que l’on pense et ressent, tout en faisant attention à anticiper l’impact sur l’autre. L’intelligence d’un groupe tient notamment au fait que les idées contradictoires puissent s’exprimer.

Nous pensons que ces quatre valeurs sont essentielles pour un travail collectif dans le respect.

Pour une justice restaurative plutôt que punitive

Nous avons à cœur de créer un climat serein pour toute personne souhaitant militer à nos côtés, qui la protège des agressions, harcèlements, violences physiques et psychologiques.

En cas de conflit, chaque organisation a ses propres procédures. Nous leur suggérons qu’elles s’inspirent des méthodes suivantes :

  • Mettre en place une procédure de signalement des incidents qui permette de protéger les victimes.
  • Suite à un signalement, proposer, selon la volonté des personnes impliquées, une médiation avant de prendre une décision.
  • En cas de prise de sanctions, s’appuyer sur des preuves matérielles et respecter un principe de proportionnalité entre la gravité des faits et l’importance de la décision prononcée.
  • Préserver une certaine discrétion lors des moments de réflexion et de décision sur les sanctions éventuelles, afin de ne pas exposer les parties prenantes à la double peine de l’infamie publique, qui est une sanction en soi dont on mesure mal la portée et la durée.
  • Définir une durée déterminée pour la sanction. L’exclusion pour une durée indéterminée est une possibilité de dernier recours, qui peut être adaptée lorsque la personne tient des propos ou réalise des actions qui sont intentionnellement nuisibles pour des individus ou pour l’organisation. Néanmoins, il peut être plus utile à l’échelle du mouvement d’encourager les personnes à évoluer plutôt que de les exclure, de manière à mettre fin au comportement nuisible qu’elles pourraient reproduire.
  • Refuser l’essentialisation des personnes ayant eu des comportements nuisibles à un moment dans leur vie : dire « cette personne a fait ceci » plutôt que « cette personne est cela ».

Nos organisations n’appliquent pas toutes l’ensemble de ces méthodes, mais celles-ci constituent une série de suggestions mettant en œuvre les idées de la charte, pouvant être utilisées dans nos règlements intérieurs.